Talents Mauriciens (3) Davina Seeboo-Galuppi, Regional Director of Sales & Marketing, Southern Europe, Kerzner International
Talents mauriciens ! Une série unique consacrée aux Mauriciens qui se sont expatriés avec succès dans le domaine du tourisme à travers le monde. Entre fierté et sacrifices, espoirs et réussites, une plongée inspirante dans la vie de ceux et celles qui font briller l'île Maurice à l'étranger. Nous accueillons aujourd’hui Davina Seeboo-Galuppi, Regional Director of Sales & Marketing, Southern Europe, Kerzner Internationalqui nous parle de son parcours. #ilemaurice #talentsmauriciens #talents #savoirfaire #mauritius #hoteliers #hotelierslife
Pourquoi avoir choisi le tourisme ?
Mon père est hôtelier et ma mère travaillait dans l’aviation, j’ai grandi dans ce milieu. C’est un métier qui est extrêmement prenant et mon père était souvent absent. En tant qu’enfant, je m’étais promis de ne jamais faire ce métier, mais je pense que la passion a eu le dessus sur la raison.
En quoi consiste votre métier ?
Je suis la directrice commerciale du bureau des ventes de Kerzner International, basée à Paris. Mon rôle consiste à établir le positionnement commercial de nos 16 hôtels à travers des partenariats stratégiques en Europe qui nous assureront la part de marché la plus importante.
Quelle formation avez-vous suivie ?
Après l’obtention de mon BAC au Lycée Labourdonnais et d’une bourse d’étude du gouvernement Français, je me suis envolée à l’âge de 17 pour entamer des études orientées vers la finance. Mes 2 premières années d’études universitaires se sont faites à Paris où j’ai obtenu mon Diplôme Universitaire Technique de Gestion des Entreprises et Administration, option Finance et Comptabilité (DUT GEA).
La météo Parisienne a eu raison de la Mauricienne que je suis et j’ai choisi de poursuivre mes études à Toulouse, la ville rose. J’y ai passé 3 ans et j’ai obtenu ma Maîtrise en Sciences de Gestion, ainsi que mon DESS en Economie Internationale, option Tourisme International. C’est à ce moment, que je me suis détournée de la finance pour m’orienter vers le tourisme, ce milieu qui me faisait de l’œil depuis mon adolescence.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après mes études universitaires, j’ai eu l’opportunité de faire un stage à la réception de l’hôtel Marriott à Marco Island en Floride. Cela n’avait aucun lien avec mes études, mais c’est ce que j’appelle un stage de vie. J'étais à des milliers de kilomètres de chez moi à découvrir un pays aux possibilités infinies… Je comprenais enfin la définition de l’American Dream !
Suite aux attentats du 11 septembre, mon visa n’a pas été renouvelé et j’ai profité de cette occasion pour aller retrouver mes parents qui étaient aux Seychelles. J’ai eu l’opportunité de travailler la première année sur un projet pour le développement de l’hôtellerie de charme et la deuxième année au sein d’un DMC. Toutes ces différentes expériences m’ont aidé à aiguiller la direction que je souhaitais donner à ma carrière.
En 2006, j’ai été approchée par le groupe hôtelier Taj Hotels pour le poste de Sales & Marketing Manager au sein du Taj Exotique Resort & Spa à Maurice. C’était une opportunité en or, car après quasiment 10 ans à l’étranger, je rentrais enfin retrouver mon île, mais également démarrer ma carrière d’hôtelière au sein d’une chaîne de prestige.
En 2008, j’ai ensuite été approchée par le groupe hôtelier Four Seasons pour l’ouverture du Four Seasons Resort Mauritius at Anahita. C’était un projet tant attendu et une telle aubaine pour grandir dans ma carrière. Four Seasons a été une école de vie pour moi et un vrai déclic, car la philosophie de cette compagnie reposait en grande partie sur le côté humain. On peut avoir les plus grands diplômes, mais si l’on ne fait pas preuve d’humanité, ce métier n’a plus son sens.
Après 4 ans passés au Four Seasons, j’ai voulu faire une pause et me lancer dans un projet humanitaire. Avec l’aide de quelques amis, nous avons mis en place une petite association nommée ‘Simé La Limière’et notre seul objectif était d’apporter un rayon de soleil aux enfants du village de Tamarin à travers diverses activités ludiques. C’est probablement un des moments les plus forts de ma vie… Donner sans rien attendre en retour !
Fin 2012, j’ai rejoint l’équipe du St. Regis pour l’ouverture de The St. Regis Mauritius Resort au Morne en tant que Directrice Commerciale. C’était ma troisième expérience d’ouverture d’hôtel et j’ai un plaisir fou à faire partie de l’équipe de pré-ouverture car ensemble nous prenons une page blanche et nous écrivons une histoire, notre histoire. C’est aussi l’année où j’ai rencontré mon mari et le début d’interminables allers-retours entre Paris et Maurice. En 2015, la compagnie me donne l’opportunité de concilier ma vie privée et ma vie professionnelle en étant basée à Paris.
En 2017, j’ai été approchée par le groupe Kerzner International pour prendre la tête de leur bureau de ventes à Paris et m’occuper de la région Europe du Sud. Après plus de 10 ans au sein d’un hôtel unique, il s’agissait d’une très belle opportunité, non seulement de rejoindre un groupe avec une aussi belle renommée que Kerzner, mais également de sortir de ma zone de confort et de me lancer dans une nouvelle aventure. Le groupe Kerzner International a 4 marques (Atlantis, One&Only, Mazagan et SIRO), 16 hôtels opérationnels dans 11 pays et de beaux projets d’ouverture dans les 24 prochains mois.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre métier ?
Le monde de l’hôtellerie demande énormément de sacrifices et ma plus grande difficulté est de concilier ma vie personnelle et ma vie professionnelle.
L’autre difficulté est de ne jamais se reposer sur ses lauriers. L’hôtellerie de luxe ne s’arrête jamais d’innover et pour faire partie de l’élite, il faut en permanence se remettre en question, être créatif, avoir un temps d’avance sur les autres.
Pourquoi avoir choisi de vous expatrier ?
Ma première expatriation était liée à mes études universitaires et ma deuxième par amour. Mon époux étant Français, nous avions pris la décision ensemble que la première partie de notre vie de couple et de famille se ferait en France.
Est-il facile de vivre et de travailler à l’étranger ? Comment s’est passée votre adaptation à un nouvel environnement culturel et au style comportemental de pays d’accueil ?
Mes parents nous ont inculqués à mon frère et à moi, le goût du voyage dès notre plus tendre enfance. Tous ces magnifiques voyages m’ont appris l’ouverture d’esprit, la tolérance mais aussi de toujours m’adapter à l’environnement local. J’ai vécu dans 4 pays et j’ai eu la chance de visiter 41 pays… Le voyage est ma "drogue". Cette passion, je la transmets aujourd’hui à ma fille, qui a déjà pris l’avion 27 fois, alors qu’elle n’a pas encore 3 ans !
D’avoir à m’installer dans un nouveau pays ne m’effraie pas, bien au contraire, je me considère chanceuse de pouvoir découvrir et m’inspirer d’une nouvelle culture.
Quel est le sacrifice le plus important que vous avez dû faire pour vivre votre métier à l’étranger ?
Le plus gros sacrifice est sans aucun doute d’être loin de ma famille. La situation sanitaire actuelle a accentué ce manque, avec la fermeture des frontières Mauriciennes depuis plus d’un an.
Pourquoi est-ce que le savoir-faire mauricien s’exporte aussi bien ?
L’hôtellerie Mauricienne est certes réputée à travers le monde mais les Mauriciens le sont encore plus. Ils sont connus pour leur gentillesse, hospitalité, le sens du service inné, et ce sont de qualités humaines qui valent de l’or dans le monde d’aujourd’hui. Le Mauricien est curieux et avide d’expériences, il est prêt à de nombreux sacrifices et à toujours donner le meilleur de lui. Le Mauricien aime son île et je pense, que tout comme moi, les Mauriciens expatriés sont très fiers de pouvoir porter les couleurs du drapeau Mauricien dès qu’ils en ont l’occasion.
Reviendrez-vous partager votre expérience au pays ?
Après avoir passé 10 ans à l’étranger, je suis rentrée en 2006. Ma vie familiale a fait que je me suis expatriée une deuxième fois, mais je suis certaine que j’y reviendrai très prochainement. Home will always remain home !
Quelle a été votre plus grande satisfaction professionnelle ?
Mon père est un grand hôtelier et probablement la personne que j’admire le plus. Mais dès ma plus tendre enfance, j’avais un caractère rebelle. J’ai toujours refusé de travailler pour une chaîne hôtelière Mauricienne, de peur qu’on attribue ma réussite au fait que je sois la fille de Kris Seeboo. En travaillant pour des chaînes hôtelières étrangères, j’étais une candidate lamda qui était jugée uniquement pour ses compétences, son expérience et sa personnalité. Je suis une grande partisane de la méritocratie et ma plus grande satisfaction est d’en être arrivé là dans ma carrière par mes propres efforts.
J’ai récemment remporté l’Award du Best Traveller Made Champion dans la catégorie Hotel Partners. Il s’agit d’une très belle reconnaissance, encore plus pendant cette année de tumultes dans l’industrie touristique.
Quel regard portez-vous sur l’industrie touristique mauricienne ?
Maurice peut être extrêmement fière de son industrie touristique. Cependant, il est important de se remettre en question, d’innover, de renouveler notre offre et d’avoir une image en réponse aux attentes du voyageur d’aujourd’hui pour continuellement accueillir les inconditionnels de notre belle île mais également attirer une nouvelle clientèle. Aujourd’hui la compétition ne se limite pas aux Seychelles et aux Maldives, mais s’étend également aux Caraïbes, à la Polynésie, à Zanzibar et j’en passe. Ces destinations ont des campagnes publicitaires qui font rêver et Maurice ne devrait pas se reposer sur ses lauriers.
Si vous deviez choisir un slogan pour l’île Maurice ?
En tant que Mauricienne et dans ma vie de tous les jours, ce slogan est ‘Mo pays, mo fierté’
Mais pour notre belle industrie touristique, ce serait quelque chose du genre ‘The beach is just the beginning’, car Maurice a beaucoup plus à offrir que juste de belles plages et c’est aussi ce que recherche le voyageur d’aujourd’hui.
Une bonne idée que l’on pourrait appliquer au monde du travail mauricien que vous avez retenu lors de votre expatriation ?
Le travail est un lieu où l’on passe autant de temps, voir plus de temps qu’à son propre domicile. Chacune des compagnies pour lesquelles j’ai travaillé avait une culture d’entreprise différente.
Chez Taj, c’est le sentiment d’appartenance à une famille, à un projet, à une vision. Chez Four Seasons, c’est le côté humain appliqué au quotidien, qui m’a donné le courage et l’envie de traverser l’île 2 fois par jour pour me rendre au travail pendant 4 ans. Chez Kerzner, c’est la confiance qui m’est accordée au quotidien pour accomplir les projets les plus fous, positionnant notre marque toujours plus haut.
Quel conseil donnerez-vous à un jeune qui est intéressé par les métiers du tourisme ?
Le monde du tourisme est extrêmement prenant mais tellement enrichissant et gratifiant. C’est un métier de passion et si vous laissez s’exprimer cette passion, elle vous ouvrira des portes dont vous ne soupçonnez même pas l’existence !
Quel est votre but professionnel ultime ?
Cette question me fait sourire, car à 25 ans, lors de mon entretien d’embauche avec le Vice Président Sales & Marketing du groupe Taj, il me posa la question d’où je me voyais dans 10 ans. Avec la naïveté de la jeunesse et une certaine arrogance certainement, je lui ai répondu à votre poste". A 25 ans, j’étais extrêmement carriériste et c’était probablement mon objectif ultime.
Aujourd’hui, j’ai un tout autre regard sur cela. J’aspire toujours autant à un épanouissement professionnel, mais pas au péril de mon équilibre personnel et familial. En d’autres mots, ma réussite et satisfaction professionnelle ne se limite pas à un titre au sein d’une hiérarchie, mais plutôt à faire la différence tous les jours dans mes actes et mes interactions avec les autres.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de l’île Maurice ?
Bien évidemment ma famille et mes amis et je me réjouis du jour où les frontières rouvriront !
Mais je suis aussi en manque de letchis, de mangues, d’eau de coco, de dholl puris, d’un coucher de soleil à la jetée de la Gaulette ou encore d’une balade dans les Gorges de la Rivière Noire.
Auriez-vous pu atteindre votre plein potentiel si vous étiez restée à Maurice ?
Je ne pense pas qu’on puisse un jour atteindre son plein potentiel. Tant que je serai en vie, j’aspirerai à toujours vouloir faire mieux et à perpétuellement vivre de nouvelles expériences.
Si j’étais restée à Maurice, ma vie aurait certainement été différente, mais je ne pense pas qu’elle aurait été moins bien ! Les opportunités sont partout, il faut juste avoir envie de les saisir.
Une amie a récemment partagé cette citation et je m’y retrouve parfaitement dedans :
Je suis libre d’aller de l’avant, de vouloir le meilleur, de danser et de chanter, d’aimer la vie, de me cultiver, de ne pas me prendre au sérieux, de me remettre en question, d’accepter mes faiblesses, d’imaginer un monde parfait, de répandre l’amour, de sourire et de rire, d’être qui je suis et de rester libre !